L’organisme national de sécurité routière a lancé un appel d’offres public visant à moderniser et étendre les dispositifs de contrôle automatisé en intégrant la vidéo et l’IA. L’objectif est d’élargir le champ des infractions détectables automatiquement, avec des conséquences directes pour les conducteurs professionnels et les entreprises de transport opérant en France.
Selon L’Argus et RTL, cette nouvelle génération de radars irait bien au-delà du simple contrôle de vitesse ou du respect des feux rouges. Grâce à l’analyse vidéo par IA et à la technologie lidar 3D, les systèmes seraient capables de détecter automatiquement :
- les conducteurs tenant un téléphone à la main
- l’absence de ceinture de sécurité
- le non-respect des distances de sécurité
- les dépassements interdits
- l’utilisation abusive de voies réservées (bus, vélos) ou de zones spécifiques au marquage au sol
Objectif : 1 700 radars tourelles d’ici 2028
Actuellement, environ 4 000 dispositifs fixes sont en service en France, en plus de 500 voitures radars opérées par des prestataires privés. Le plan prévoit de porter le nombre de radars tourelles de quelques centaines à environ 1 700 d’ici fin 2028.
Risques accrus pour les entreprises de transport
Pour les professionnels du transport routier, l’élargissement du champ de contrôle pourrait avoir un impact direct. Les infractions liées aux distances de sécurité ou aux interdictions de dépassement sont déjà des sujets sensibles pour les chauffeurs de poids lourds en France. L’intensification des contrôles via des technologies avancées devrait entraîner une augmentation significative du nombre d’amendes, aussi bien pour les conducteurs français qu’étrangers.
Les gestionnaires de flotte devront probablement renforcer les formations sur la conformité et intégrer un risque accru de sanctions dans leur planification, notamment sur les itinéraires où la pression temporelle et la congestion favorisent les infractions. Comme pour les radars classiques, les véhicules immatriculés à l’étranger ne seront pas exemptés, grâce aux accords d’échange transfrontalier de données.
Caméras dans les cabines : des questions de vie privée
Des associations comme 40 millions d’automobilistes ou La Ligue des Conducteurs critiquent le projet. Elles craignent qu’un recours massif à l’automatisation ne réduise la présence humaine sur les routes, affaiblissant ainsi la lutte contre les comportements dangereux comme la conduite sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants.
D’autres critiques portent sur le respect de la vie privée. Puisque ces caméras capteront des images à l’intérieur des habitacles, pour vérifier le port de la ceinture ou l’usage du téléphone, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) pourrait intervenir pour poser des limites. Des contestations juridiques sont à prévoir.
Vers une généralisation en Europe ?
Cet appel d’offres, ouvert jusqu’à fin octobre 2025, s’inscrit dans le cadre du programme Radars 2026‑2030. S’il s’avère concluant, la stratégie française pourrait inspirer d’autres pays de l’UE, dont les autorités sont également sous pression pour améliorer la sécurité routière tout en réduisant les coûts de contrôle.
Pour les transporteurs et chauffeurs professionnels, l’adoption de cette technologie en France ne se limite pas à un enjeu national : elle pourrait marquer le début d’une tendance européenne plus large.