Depuis plusieurs années, les transporteurs routiers – pour la plupart des TPE et PME – ont investi massivement dans des technologies plus propres: véhicules électriques, bioGNV, B100, HVO, ainsi que dans des infrastructures de recharge et la formation des conducteurs.
Ces investissements avaient été encouragés par les pouvoirs publics dans le cadre des objectifs européens de réduction des émissions.
Or, selon les fédérations Union TLF, FNTR, OTRE et FNTV, la suppression annoncée du suramortissement et des avantages fiscaux pour les carburants alternatifs remet en cause cet équilibre fragile.
« La stabilité et la lisibilité promises par l’État semblent désormais de simples incantations », dénoncent-elles dans un communiqué commun publié le 15 octobre 2025.
Un « choc économique et environnemental » annoncé
Les représentants de la profession avertissent que le PLF 2026, dans sa version actuelle, provoquerait une onde de choc économique et environnementale irréversible.
Les risques identifiés sont multiples:
- Défaillances en chaîne: de nombreux véhicules récents deviendraient des « actifs échoués » faute de rentabilité, menaçant la pérennité des petites entreprises.
- Retour forcé au diesel: sans soutien aux carburants alternatifs, beaucoup seraient contraints de revenir à des motorisations fossiles.
- Perte de confiance: la rupture de prévisibilité des politiques publiques fragiliserait la crédibilité même de la transition énergétique.
« Les transporteurs se sentent trahis après avoir suivi les orientations de l’État et investi dans la transition. Leurs efforts risquent d’être anéantis », résume un responsable de la FNTR cité par Routiers.
Les fédérations réclament un cadre clair et durable
Face à ce qu’elles considèrent comme une incohérence politique, les quatre fédérations appellent le gouvernement à revenir sur les mesures visant les biocarburants et à maintenir le cadre fiscal actuel, indispensable pour sécuriser les investissements réalisés.
Elles demandent également la poursuite des travaux sur l’électrification des flottes, notamment via l’intégration des bornes de recharge (IRVE) dans les dispositifs d’aide prévus par la future loi DADUE.
Vers une rupture de confiance ?
La situation illustre la tension croissante entre les ambitions climatiques et la réalité économique du transport routier.
Si le gouvernement ne revoit pas sa copie, préviennent les fédérations, la France pourrait assister à un ralentissement majeur de la décarbonation du fret, voire à une reprise du diesel, en contradiction avec les trajectoires fixées par le plan climat national et européen.
« Les coups de semonce, répétés budget après budget, ne sont plus ni audibles ni acceptables », concluent les organisations professionnelles.