Agnieszka Kulikowska-Wielgus trans.INFO

Carburants : une hausse programmée dès janvier 2026, le transport routier en première ligne

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Alors que les prix des carburants reculent temporairement en cette fin d’année 2025, l’accalmie pourrait être de courte durée. Derrière la baisse actuelle se profile déjà une hausse mécanique des tarifs à la pompe dès le 1er janvier 2026. En cause : un dispositif énergétique peu visible du grand public, mais aux effets bien concrets pour les transporteurs et les automobilistes.

À compter du 1er janvier 2026, le prix des carburants augmentera de 5 à 6 centimes d’euro par litre, selon plusieurs sources concordantes. Cette hausse est directement liée à la montée en puissance du dispositif des Certificats d’économie d’énergie (CEE), dont l’enveloppe annuelle passera de 6 à 8 milliards d’euros, conformément à un décret publié en octobre 2025.

Le mécanisme des CEE impose aux fournisseurs d’énergie, carburants, gaz et électricité de financer des actions visant à réduire la consommation énergétique. Dans les faits, ces coûts sont en grande partie répercutés sur les consommateurs finaux, y compris les professionnels du transport routier.

Les CEE, une “quasi-taxe” selon la Cour des comptes

Déjà aujourd’hui, les CEE représentent environ 11 centimes par litre à la pompe. Selon les projections pour 2026, cette charge atteindra 16 à 17 centimes par litre, soit une hausse significative. La Cour des comptes qualifie ce mécanisme de « quasi-taxe », soulignant que près des deux tiers des coûts sont directement transférés aux usagers.

Toujours selon la Cour des comptes, les CEE représentent actuellement un coût moyen de 76 euros par an et par automobiliste, intégré de manière diffuse dans les prix des carburants.

L’association « 40 millions d’automobilistes » dénonce vivement cette évolution. Son délégué général, Pierre Chasseray, estime que « qu’il s’agisse des radars, des ZFE ou désormais de cette pseudo-taxe énergétique, tout concourt à rendre la vie des conducteurs plus difficile et plus coûteuse ».

Une baisse de fin 2025… purement conjoncturelle

En cette fin d’année 2025, les prix à la pompe reculent pourtant nettement. Selon les données du ministère de l’Économie, compilées par Le Figaro, le litre de gazole est passé début décembre à 1,66 euro, contre plus de 1,71 euro un mois plus tôt. Le sans-plomb suit la même tendance, avec un SP98 repassé sous les 1,80 euro le litre.

Cette détente s’explique principalement par la baisse du prix du pétrole brut, le baril de Brent évoluant sous les 65 dollars. Sur BFMTV, Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), rappelait que « la baisse du prix du baril de brut finit par se répercuter sur les tarifs à la pompe ».

Pourquoi la hausse est jugée inévitable en 2026

Ce répit est toutefois largement perçu comme temporaire. Outre un possible rebond du pétrole sur les marchés internationaux, la montée en charge des CEE constitue un facteur structurel qui pèsera mécaniquement sur les prix dès janvier.

Dans Ouest-France, Olivier Gantois avertissait dès novembre :

« Je m’attends à ce que les prix à la pompe augmentent de l’ordre de 4 à 6 centimes par litre », rappelant que les marges nettes des distributeurs ne dépassent généralement 1 à 2 centimes par litre, laissant peu de marge d’absorption.

Un impact direct pour le transport routier

Pour le secteur du transport et de la logistique, cette hausse représente un enjeu majeur. Le carburant reste l’un des premiers postes de coûts d’exploitation, en particulier pour les transporteurs routiers dépendants du gazole. L’augmentation prévue intervient dans un contexte déjà marqué par la hausse des charges, la pression réglementaire et les investissements nécessaires à la transition énergétique.

L’association « 40 millions d’automobilistes » estime que cette mesure est « déconnectée des réalités économiques », en particulier pour les zones rurales et périurbaines où les alternatives à la route restent limitées.

Une décision contestée, mais maintenue

Face aux critiques, le gouvernement évoque un impact « marginal » sur les prix à la pompe. Une position que contestent tant la Cour des comptes que les représentants des usagers, pour qui l’accumulation des dispositifs  CEE, ZFE, fiscalité énergétique, pèse lourdement sur le pouvoir d’achat et la compétitivité du transport routier.

Pour l’heure, l’association appelle officiellement à une révision du décret d’octobre 2025, sans garantie que la trajectoire soit modifiée avant l’entrée en vigueur de la hausse début 2026.

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