Selon les médias flamands, les syndicats des pilotes ont accepté une suspension temporaire de leur campagne de “service minimum” afin de “briser l’impasse actuelle” et de donner dix jours au gouvernement flamand pour démontrer “par la médiation et des progrès concrets” qu’il entend respecter un accord antérieur conclu en juin.
La suspension doit rester en place jusqu’à 07:30 le 24 octobre, bien que les pilotes aient averti que des actions syndicales pourraient reprendre si aucun progrès n’est réalisé.
Reprise progressive à Anvers
Selon le Port d’Anvers-Bruges, la planification normale des arrivées et départs des navires a repris mercredi matin (15 octobre) suite à la décision des pilotes de suspendre leurs actions. L’organisation BVL a confirmé que le travail a repris, tandis que la disponibilité des différents corps de pilotes ne deviendra clairement visible que plus tard dans la journée.
“Une amélioration progressive deviendra donc perceptible, bien qu’il faille plusieurs jours pour éliminer les arriérés,” a déclaré l’autorité portuaire dans sa mise à jour de 8h00.
Ce matin, environ 60 navires attendaient de partir et environ 100 d’entrer dans le port. L’autorité a également annoncé que l’immersion du cinquième élément du tunnel — une opération programmée qui aurait temporairement fermé l’écluse de Kallo et l’Escaut Supérieur — a été reportée pour éviter d’autres perturbations.
Des centaines de navires étaient bloqués
La grève de dix jours a commencé le 6 octobre, lorsque les pilotes de trois associations professionnelles, AvK, BvL et OVL, et les syndicats ACOD, ACV et VSOA, ont collectivement arrêté de travailler pour protester contre les réformes fédérales des retraites.
À la mi-octobre, plus de 150 navires étaient signalés en attente au large des côtes belges ou aux abords des ports, tandis que des dizaines d’autres étaient coincés à l’intérieur des ports d’Anvers, Zeebrugge et Gand, incapables de partir.
Le porte-parole du Port d’Anvers-Bruges, Lennart Verstappen, a déclaré à la VRT, diffuseur public, que la perturbation avait des “conséquences opérationnelles majeures”, car les cargaisons ne pouvaient pas être chargées ou déchargées et les retards en cascade se répandaient dans la chaîne logistique.
Réformes des retraites au cœur du conflit
Au centre du conflit se trouve le plan du gouvernement fédéral de restructurer les règles de retraite pour les pilotes maritimes. Les syndicats soutiennent que la réforme ferait perdre jusqu’à 45 % de leur future retraite aux jeunes pilotes, tout en excluant les primes spéciales des calculs de retraite.
L’association des pilotes BvL affirme qu’un accord a été conclu le 2 juin avec les ministres flamands Jan Jambon et Annick De Ridder pour atténuer l’impact de la réforme, mais que le gouvernement a ensuite échoué à finaliser les préparatifs nécessaires — une mesure que le syndicat qualifie de “violation directe” de cet accord.
“Il y a déjà une pénurie de travailleurs dans notre secteur,” a déclaré plus tôt cette semaine le président de BvL, Francis Baetens, ajoutant que de nombreux candidats flamands préfèrent maintenant travailler pour le service de pilotes néerlandais, qui offre des salaires plus élevés, de meilleures retraites et une retraite à 60 ans.
Appels à la médiation
Le conseiller portuaire d’Anvers, Johan Klaps (N-VA), a averti que les grèves répétées nuisaient à la réputation internationale du port d’Anvers-Bruges et a exhorté les deux parties à retourner aux négociations rapidement.
“Certains secteurs sont déjà en difficulté, et ces actions les touchent particulièrement durement,” a déclaré Klaps aux médias locaux.
Les pilotes ont depuis accepté la médiation d’un conciliateur social et ont déclaré être prêts à reprendre les négociations, à condition que le gouvernement s’engage à mettre en œuvre l’accord antérieur.
Bien que le trafic maritime devrait reprendre progressivement dans les jours à venir, les arriérés restent considérables, avec plus d’une centaine de navires toujours en attente en mer du Nord ou à l’ancre près des ports. Le dégagement des congestions et la reprise des horaires normaux pourraient prendre plusieurs jours ou même semaines.
Le résultat des nouvelles négociations, prévues pour la fin novembre, déterminera si les ports les plus actifs de Belgique peuvent éviter une nouvelle paralysie plus tard ce mois-ci.
Des troubles sociaux plus larges en Belgique
L’action des pilotes maritimes a coïncidé avec une grève générale nationale le 14 octobre, organisée par les principaux syndicats belges pour protester contre les réformes des salaires et des retraites. Cette grève a paralysé les transports publics, les aéroports et les services gouvernementaux, et a encore ralenti la manutention des cargaisons à Anvers, Zeebrugge, Gand, Bruxelles et Liège.
Le centre de contrôle du trafic de Zandvliet à Anvers a fonctionné avec un personnel réduit durant la grève nationale, interrompant effectivement le trafic maritime pendant plusieurs heures. Les compagnies aériennes ont annulé ou redirigé des dizaines de vols de fret et de passagers alors que le personnel au sol et de sécurité rejoignait l’action.
Corridors de fret européens sous pression
Le conflit belge survient au milieu d’une vague plus large d’actions industrielles paralysant les principaux corridors de fret européens. Dans le port le plus grand des Pays-Bas à Rotterdam, une décision de justice le 13 octobre a obligé les dockers en grève à reprendre les opérations en semaine après près d’une semaine de grève. Le syndicat FNV Havens réclame une augmentation de salaire de 6,5 % après avoir abaissé sa demande initiale de 7 %. La manutention des conteneurs a partiellement redémarré, bien que l’Autorité du port de Rotterdam ait averti qu’il pourrait falloir jusqu’à la fin octobre pour éliminer les retards.
La Belgique a également été touchée par une grève nationale de 24 heures du fret aérien qui s’est terminée le matin du 15 octobre, perturbant la manutention des cargaisons et les services douaniers aux aéroports de Bruxelles et de Liège. De nombreuses livraisons express et d’e-commerce ont été redirigées via Francfort, Luxembourg, Paris et Amsterdam.
Selon la Chambre de commerce de Belgique, les effets combinés des grèves à Rotterdam, Anvers et Zeebrugge ont causé des perturbations secondaires dans les chaînes d’approvisionnement en Allemagne, en France et en Europe centrale.
Vue d’ensemble des actions industrielles actuelles affectant les principaux hubs logistiques européens
Date de début | Emplacement | Secteur / parties impliquées | Raison de l’action | Statut actuel |
6 octobre 2025 | Anvers / Zeebrugge / Gand (Belgique) | Pilotes maritimes (AvK, BvL, OVL; ACOD, ACV, VSOA) | Protestation contre la réforme fédérale des retraites | Temporairement suspendu jusqu’au 24 oct 07:30 |
8 octobre 2025 | Rotterdam (Pays-Bas) | Dockers (ILS, Matrans / FNV Havens) | Conflit salarial (+6,5 %) et ajustement à l’inflation | Suspendu en semaine par ordonnance du tribunal; peut reprendre le 17 octobre |
14–15 octobre 2025 | Belgique (nationale) | Syndicats / secteur du fret aérien | Protestation sur les salaires et les conditions de travail | Conclu 15 oct; retards en cours |